Art Dubai joue la carte du global south

Rafael Pic , QUOTIDIEN DE L'ART, Mars 5, 2024
La 17e édition de la foire de Dubaï, avec plus de 100 galeries, s'est tenue du 28 février au 3 mars. Sa vitalité tient à l'installation de nouveaux collectionneurs, mais aussi à son ouverture sur les univers extra-européens. 
 
Ces quatre galeries sont autant de profils complémentaires, montrant la diversité de la foire qui mêle habilement maisons bien établies (dont beaucoup d'Italiens, a l'image de Mazzoleni, Persano, P420, Franco Noero, mais aussi Almine Rech, Andréhn-Schiptjenko, Maruani Mercier, Zidoun-Bossuyt ou Albarrán Bourdais qui montrait trois artistes de la prochaine Biennale de Venise, dont la Coréenne Koo Jeong A) et jeunes du cru. « Nous avons cette année 21 galeries locales sur un total de 108, notre plus haut pourcentage, expliquait la directrice depuis huit ans, Benedetta Ghione. Cela démontre l'intérêt croissant pour l'art avec l'arrivée de nouveaux collectionneurs actifs et un écosystème dynamique, que nous favorisons avec diverses initiatives: une commande publique auprès d'artistes - nous avons reçu 250 candidatures -, la manifestation Dubai Design Week ou la Dubai Collection. » Cette dernière est la mise en réseau de près de 100 collectionneurs, qui acceptent de prêter leurs œuvres pour des expositions curatées d'artistes émiratis - cette année « Encounters », coordonnee par Alia Zaal Lootah, à l'entrée de la foire. Les galeries Isabelle, Lawrie Shabibi, Meem, Tabari Artspace, The Third Line, Efie et autres prouvent la vitalité de la scène émiratie, tandis que sa surreprésentation dans la section digitale, la plus fréquentée par la jeunesse, montre que le virage technologique est bien pris. À côté de la star Krista Kim, montrée chez Unit de Londres (avec des pièces uniques de la série « Mirror of the Mind » à 90 000 dollars), les Dubaïotes Morrow, Erma, Koshta ou 37X proposaient profusion de réalités immersives ou virtuelles et de NFT. L'écosystème est renforcé par des acteurs occidentaux comme Custot ou Bastok Lessel, qui, à peine séparé de Perrotin après un mariage de trois ans, présentait aussi bien Georges Mathieu et Bernar Venet, que Jeremy Demester et Josh Sperling, en affichant son souhait de travailler de nouvelles géographies: l'ouverture d'un espace à Bodrum, en Turquie, est sur les tablettes.