Jean-Guillaume Mathiaut Français, 1975

Métamorphosant les forêts en "meubles paysage" à travers des dessins, des sculptures et des designs, Jean Guillaume-Mathiaut est un artiste aux multiples facettes puisant son inspiration dans la nature. Ce n'est pas un hasard s'il s'est installé dans le village de Bourron-Marlotte, au cœur de la forêt de Fontainebleau; il y est né. "Ma mère m'a mis au monde au bord de cette forêt." D'où son lien profond avec la nature, forgé dès l'enfance, qui a grandement influencé son parcours créatif. Animé par une énergie créative inépuisable, Mathiaut a remporté des concours d'architecture prestigieux dès l'âge de 23 ans, dont celui de l'Institut Van Alen, avec son projet de cabane sur pilotis totalement intégrée à l'environnement de Long Island. Doué pour le dessin, il a d'abord assisté deux artistes contemporains, puis a élargi son expérience en travaillant aux côtés d'architectes renommés, dont Édouard François et Jean Nouvel, entre 1995 et 2000. Sa rencontre avec Patrick Blanc, botaniste et inventeur des murs végétaux, a laissé une empreinte durable. Son engagement envers la nature est devenu définitif. "Ce fut une rencontre décisive. Il m'a appris à insérer des plantes dans l'architecture et, surtout, à être libre." À plusieurs reprises, il s'est rendu au pays Dogon en Afrique pour apprendre les techniques de construction vernaculaires. Il est ensuite devenu assistant de Jean-Luc Choplin, une figure éminente du monde théâtral et alors directeur artistique des Galeries Lafayette. Il a occupé ce poste pendant un an avant de succéder à Choplin qui est parti pour le Théâtre du Châtelet. En 2005, Mathiaut a emprunté une nouvelle voie en tant que designer et architecte d'intérieur pour les grands designers japonais tels qu'Issey Miyake, Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo. Cette opportunité lui a permis de donner vie à son propre univers, incarnant une fusion entre sculpture et essence de la forêt. Il conçoit ses œuvres à partir de troncs d'arbres tombés, usés ou fossilisés : ses pièces sont une allégorie de la forêt et une ode à la biodiversité. "J'ai une relation chamanique avec cet environnement, qui m'a réparé après un accident et m'a donné la force de me relever. Ces arbres vous rendent au centuple ce que vous leur donnez. Les voir s'éveiller chaque matin est un bain de jouvence qui nourrit ma pratique artistique." Inspiré par les pratiques africaines, les techniques d'assemblage japonaises et ses souvenirs de voyage, ses "tribus de meubles" rendent hommage aux grands courants architecturaux - Bauhaus et Brutalisme - ainsi qu'à Brancusi, une personnalité dont il admire l'humilité, la liberté formelle et l'intemporalité. Son travail transcende les frontières entre architecture, design et art, offrant aux spectateurs un regard neuf sur la beauté de notre environnement naturel. À travers ses créations, il s'efforce d'atteindre la justesse et la simplicité de forme afin d'être au plus près de la nature.